vendredi 20 janvier 2012

Les histoires passagères n°4 : John a du boulot - à cause de gérard.



John devait absolument terminer ce boulot. Fissa. Depuis le coup de Trafalgar prés de la gare de Nancy, nom de dieu quel mic-mac !
Et puis Soledad avait débarquée. Soledad. Montée sur une paire de Louboutin remplies d'arrières-pensées et des jambes à vous couper le souffle comme un fil à beurre, cette pépée avait des yeux verts et grands comme un S.O.S. de Costa Concordia. Belle brune Soledad, décidément. Un brin Corse, affutée comme une lame de rasoir et délicate comme de la soie. Un archétype masculin certainement, mais canal historique. L'origine des ivresses sans réfléchir.

Il l'entendait se lever dans la chambre à côté...

Il ne la connaissait pas vraiment, et après tout les corps d'une nuit ne révèlent que des traces d'existences ; banales ou extraordinaires, qu'importe. Drôle de vie quand même. Croiser ainsi une beauté sans savoir si on la reverra demain ou dans un an ou jamais donnait parfois le vertige.
Et elle ? Qui était-elle ? Enfin... vraiment, au fond.
Ni lui ni cette fille ne désirait mettre une histoire sur ce souvenir, mais John sentait les choses et cette nana là devait en avoir à raconter, des histoires. Cela se respirait. Ce corps, splendide, glabre, ambré, cachait une vie. Une mémoire, quelque chose qui lui donnait une épaisseur attachante et balayait le poncif des courbes. Cette souris séduisait de ne rien donner.

La beauté comme une solitude... étrange, pensa John.

Cette nuit ne l'avait pas aidé à réfléchir sur le binz de son "ami", mais maintenant John se sentait d'attaque pour la suite de cette affaire. Face à la glace de la salle de bain minable de l’Hôtel de la Reine, 9mm mat à porté de main, il pouvait laisser aller ses pensées tout en terminant de se raser. Bordel ! Mais comment Gérard (petit rappel) avait-il put se mettre dans ce putain de foutoir ! S'il n'avaient étés amis d'enfance, jamais John n'aurait accepté de lui filer ce coup de main.
Éliminer un blogueur ce n'était quand même pas une mince affaire ! Ce n'était pas un simple fric-frac au rez de chaussé d'une résidence de rupins. D'autant plus que Gérard, justement, avait salement foiré la discrétion en l'accueillant à la gare... gesticulant, hurlant son aventure comme une vache, la flicaille locale ne pouvait pas ne pas se demander ce qu'il se passait.

"Jooohn"... lança la somptueuse Soledad du bord du lit encore défait par la nuit.
Soledad... décidément, il fallait être passionné par son métier pour quitter le matin une telle poupée. Ces cheveux bouclés et son minois d'ange perdu sonnait le rappel à toute volée.

Une matinée mâtin de mutine se dit John, avec un sourire.
Parfois sans savoir pourquoi, des phrases de ce type s'écroulaient dans son cerveau. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'il fut un littéraire, mais voilà, c'était comme ça, et il se jurait à chaque fois de les noter dans un carnet, pour le plaisir de les relire après coup peinard. Comme un carnet de route, un truc dans le genre.

Gérard... putain mais quel con ! Avec tout ce vacarme à la gare, les bleus avait bien sur débarqués pour l'emmener manu militari au poste. La moitié du quai s'était retourné sur John et Gérard, lui, rouge fulminant et beuglant avec une voix qui se brisait parfois ridiculement dans les suraiguës.
"La Castafior" avait fait de l'effet, et les flics le serrèrent sans ménagements. Par on ne sait quel heureux hasard, ils ne s’occupèrent pas de John qui, debout, statique, donnait sans doute l'allure de ne pas connaitre ce débile.
Ça ferait encore un souvenir. Les meilleurs sont ceux des coups de bol qui sifflent aux oreilles. La baraka du détail.


En tous les cas maintenant, il devait retrouver tout seul ce blogueur. Et lui régler son compte.
Mauvais roman de gare, décidément... pensa John.


"Jooohn"...

Soledad...


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